Au détour d'une colline, au creux de la vallée de Katmandou, les briqueteries s'annoncent fièrement avec leur imposante cheminée fumante. Une image digne de l'aire industrielle du Nord Pas de Calais de la fin du XIXème siècle
Les ouvriers se lèvent dans la nuit afin de pouvoir produire le plus de briques possible. Ils sont tous payés à la pièce. 1800, 2000, 2300 briques. Les briques sèchent d'abord sur le sol.
ils travaillent généralement en couple.
Les briques sont empilées en murets. Mais attention, pas n'importe comment. Elles sont installées en quinconce afin de permettre la circulation de l'air et donc, un séchage plus rapide.
Puis, vient de le temps du transport vers le four où elles vont être cuites. Inutile de vous dire que cela se passe à dos d'homme. Chaque individu embarque entre 40 et 50 briques. A environ 1 kg la brique, faites les comptes.
A dos d'homme, mais à dos de femme aussi. Pas de féminisme exacerbé ici. Pas de wokisme, pas d'écriture inclusive. Ici, on porte des briques, et puis c'est tout !
Il faut parfois parcourir 1 km afin de porter son fardeau au four où les briques seront cuites. Les briques sont posées sur un petit cadre métallique auquel on a attaché une ficelle qu'on passe sur le front. Il faut de l'expérience pour porter 50 kg de briques sans en faire tomber une seule, d'autant que certains courent tout ou partie du chemin. Car là encore, ils sont payés au volume de briques transportées.
Les porteurs traversent parfois des parcelles où des ouvriers moulent de nouvelles briques. Il faut alors bien faire attention où mettre ses pieds.
Arrivées a four, les briques sont déposées. Les porteurs se libèrent de leur fardeau et repartent sans trainer pour charger de nouvelles briques. Le temps c'est de l'argent.
Les briques sont ensuite disposées pour la cuisson. L'assemblage est subtile. Il s'agit d'en empiler le plus possible en laissant l'espace nécessaire pour faire circuler l'air afin d'assurer une bonne combustion.
ette image permet de bien comprendre le fonctionnement du four. Pour arriver à ma position, j'ai marché sur la partie brulante du four. Les ouvriers au premier plan vident le four des briques cuites tandis que ceux au second plan le remplissent avec des briques à cuire. Ainsi, le four tourne en permanence et sa cheminée crachera de la fumée jusqu'à l'arrivée de la mousson.
En fonction des briqueteries, les briques cuites peuvent être extraites à dos d'hommes...
Mais elles peuvent aussi être extraites à tête d'homme. A 50 centimètre de l'homme au premier plan, j'étouffe déjà alors que je ne suis resté là que 10 minutes. Quelle espérance de vie pour ces gens ? Dans quel état sont leurs poumons ?
Le camion vient chercher les briques afin de les acheminer sur le chantier de construction. A chaque passage, les ouvrier se font remettre un petit jeton qu'ils présenteront le soir pour être payés. (à droite de la photo).
En attendant qu'un autre camion arrive afin d'être chargé, les hommes se reposent. Cette image me fait penser à la célèbre photo des ouvriers qui prennent leur lunch assis sur une poutre métallique au-dessus du vide lors de la construction de la tour Chrysler.
Entre deux transports, il faut prendre une petite pose. Pour 5 ou 10 roupies (3.5 ou 7 centimes d'euro), on peut s'offrir une glace bien méritée.
Cette femme a fait une rotation de transport et vient faire tamponner sa carte afin d'être payée.
Les ouvriers vivent sur le chantier. Ils ont construit des maisonnettes composées d'une unique pièce avec le sol en terre battue. C'est étonnamment très propre. Pas de lit, pas de matelas. une simple natte posée sur le sol permet de s'isoler de l'humidité durant les courtes périodes de sommeil. La cuisine se fait dehors, comme la plupart des activités domestiques.
Chaque briqueterie a sa marque. Ces sites emploient entre 500 et 1000 personnes.
Les ouvriers comment à travailler à l'adolescence. Nous n'avons vu aucun enfant travailler. Par contre, ils sont livrés à eux-mêmes. Mais, il ne leur viendrait pas à l'idée de geindre ou de pleurer. Ils affichent une joie de vivre déconcertante.
La femme sur la camion est chargée du nettoyage du chantier, elle et des dizaines d'autres, sont chargées de ramasser les briques tombées ou cassées et d'assurer ainsi la propreté du site.
Devant l'entrée du site, entre trois murs de briques bien sur, cette jolie jeune femme accueillent ceux qui veulent prendre un moment de détente autour d'un verre ou d'un repas chaud. Nous avons partagé là, des tripes et de la viande de buffle avec quelques ouvriers. Moment bien convivial.
